Re: [topic unique] LIVRE
Posté : mer. 03 sept. 2025 23:55
Lumière d'Aoüt de William Faulkner
J'avais fait un break de plusieurs années dans la lecture de Faulkner. La faute aux derniers romans lus, pourtant unanimement salués par la critique que ce soit à leur sortie ou après dans l'analyse de l'oeuvre du colosse du Mississipi. Or que ce soit "Sanctuaire" comme "Absalom Absalom" souvent considéré comme Le chef d'oeuvre absolu, j'étais ressorti chafouin de leur lecture. Pas trop ma tasse de thé en fait, la complexité c'est bien, mais chercher le sens caché des phrases, essayer d'imaginer ce que l'auteur veut vous montrer sans le dire vraiment, ça me lasse
Là, j'ai retrouvé le Faulkner que j'adore, l'immense conteur qu'il sait être, là où il démontre qu'il est le plus grand écrivain américain du 20ème siècle et pourtant il y'a des pointures
C'est le plus long roman de l'écrivain mais c'est purement anecdotique, pas tant de différence avec sa production habituelle, mais cela veut dire qu'il faut du temps, la journée n'y suffit pas
On retrouve la complexité dans la narration, les allers retours avec le passé le présent si caractéristiques, mais on est face à un texte clair, où matière à interprétation il n'y a pas à se casser la tête, c'est direct, mais c'est grandiose
Grandiose par les personnages qu'il met en lumière, fouillés, disséqués, grandiose dans la progression dramatique qu'il décrit, grandiose dans la peinture impitoyable qu'il fait du Mississipi, de sa société, de son état d'esprit, une lucidité de l'être humain qui fait peur tant elle est réaliste et décrite si justement et dont si peu sont capables
Le genre de roman après l'avoir lu qui vous fait dire qu'il faut tout lire, ne rien négliger, se tapper toute sa bibliographie tant sa capacité de renouvellement est étonnante, à chaque texte on trouve quelque chose de différent qu'on découvre, des obsessions sans doute, mais peu de redite, une qualité de création étonnante
J'ai été emporté par les deux premiers paragraphes, ce n'est pas forcément un bon signal, parfois après un heure on se lasse, on se dit que ça ne tient pas la distance, mais je les relis avec émotion, en sachant que le personnage avec qui on débute conclura aussi le roman après une histoire fabuleuse presque similairement, en voyage
"Assise sur le bord de la route, les yeux fixes sur la charrette qui monte vers elle, Lena pense, "J'arrive de l'Alabama: un bon bout de route A pied de l'Alabama jusqu'ici Un bon bout de route" Tout en pensant il n'y a pas encore un mois que je me suis mise en route et me voila déjà en Mississipi Jamais je m'étais trouvée si loin de chez nous Jamais depuis l'âge de douze ans, je ne m'étais trouvée si loin de la scierie de Doane
Elle n'avait même jamais été à la scierie de Doane avant la mort de son père et de sa mère Cependant, sept ou huit fois par an, le samedi, elle allait à la ville dans la charrette Vêtue d'une petite robe achetée sur catalogue, elle posait ses pieds nus à plat sur le fond de la charette, et ses souliers, auprès d'elle, enveloppés dans un morceau de papier Elle mettait ses souliers juste au moment d'arriver à la ville Quand elle fut plus grande, elle demandait à son père d'arrêter la charrette aux abords de la ville, afin qu'elle put descendre et continuer à pied Elle ne disait pas à son père pourquoi elle désirait marcher au lieu d'aller en voiture Il croyait que c'était à cause des rues bien unies, à cause des trottoirs Mais c'était avec l'idée qu'en la voyant à pied, les gens qui la croisaient seraient tentés de croire qu'elle aussi habitait la ville "
J'avais fait un break de plusieurs années dans la lecture de Faulkner. La faute aux derniers romans lus, pourtant unanimement salués par la critique que ce soit à leur sortie ou après dans l'analyse de l'oeuvre du colosse du Mississipi. Or que ce soit "Sanctuaire" comme "Absalom Absalom" souvent considéré comme Le chef d'oeuvre absolu, j'étais ressorti chafouin de leur lecture. Pas trop ma tasse de thé en fait, la complexité c'est bien, mais chercher le sens caché des phrases, essayer d'imaginer ce que l'auteur veut vous montrer sans le dire vraiment, ça me lasse
Là, j'ai retrouvé le Faulkner que j'adore, l'immense conteur qu'il sait être, là où il démontre qu'il est le plus grand écrivain américain du 20ème siècle et pourtant il y'a des pointures
C'est le plus long roman de l'écrivain mais c'est purement anecdotique, pas tant de différence avec sa production habituelle, mais cela veut dire qu'il faut du temps, la journée n'y suffit pas
On retrouve la complexité dans la narration, les allers retours avec le passé le présent si caractéristiques, mais on est face à un texte clair, où matière à interprétation il n'y a pas à se casser la tête, c'est direct, mais c'est grandiose
Grandiose par les personnages qu'il met en lumière, fouillés, disséqués, grandiose dans la progression dramatique qu'il décrit, grandiose dans la peinture impitoyable qu'il fait du Mississipi, de sa société, de son état d'esprit, une lucidité de l'être humain qui fait peur tant elle est réaliste et décrite si justement et dont si peu sont capables
Le genre de roman après l'avoir lu qui vous fait dire qu'il faut tout lire, ne rien négliger, se tapper toute sa bibliographie tant sa capacité de renouvellement est étonnante, à chaque texte on trouve quelque chose de différent qu'on découvre, des obsessions sans doute, mais peu de redite, une qualité de création étonnante
J'ai été emporté par les deux premiers paragraphes, ce n'est pas forcément un bon signal, parfois après un heure on se lasse, on se dit que ça ne tient pas la distance, mais je les relis avec émotion, en sachant que le personnage avec qui on débute conclura aussi le roman après une histoire fabuleuse presque similairement, en voyage
"Assise sur le bord de la route, les yeux fixes sur la charrette qui monte vers elle, Lena pense, "J'arrive de l'Alabama: un bon bout de route A pied de l'Alabama jusqu'ici Un bon bout de route" Tout en pensant il n'y a pas encore un mois que je me suis mise en route et me voila déjà en Mississipi Jamais je m'étais trouvée si loin de chez nous Jamais depuis l'âge de douze ans, je ne m'étais trouvée si loin de la scierie de Doane
Elle n'avait même jamais été à la scierie de Doane avant la mort de son père et de sa mère Cependant, sept ou huit fois par an, le samedi, elle allait à la ville dans la charrette Vêtue d'une petite robe achetée sur catalogue, elle posait ses pieds nus à plat sur le fond de la charette, et ses souliers, auprès d'elle, enveloppés dans un morceau de papier Elle mettait ses souliers juste au moment d'arriver à la ville Quand elle fut plus grande, elle demandait à son père d'arrêter la charrette aux abords de la ville, afin qu'elle put descendre et continuer à pied Elle ne disait pas à son père pourquoi elle désirait marcher au lieu d'aller en voiture Il croyait que c'était à cause des rues bien unies, à cause des trottoirs Mais c'était avec l'idée qu'en la voyant à pied, les gens qui la croisaient seraient tentés de croire qu'elle aussi habitait la ville "