[topic unique] LIVRE
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Re: [topic unique] LIVRE
Lumière d'Aoüt de William Faulkner
J'avais fait un break de plusieurs années dans la lecture de Faulkner. La faute aux derniers romans lus, pourtant unanimement salués par la critique que ce soit à leur sortie ou après dans l'analyse de l'oeuvre du colosse du Mississipi. Or que ce soit "Sanctuaire" comme "Absalom Absalom" souvent considéré comme Le chef d'oeuvre absolu, j'étais ressorti chafouin de leur lecture. Pas trop ma tasse de thé en fait, la complexité c'est bien, mais chercher le sens caché des phrases, essayer d'imaginer ce que l'auteur veut vous montrer sans le dire vraiment, ça me lasse
Là, j'ai retrouvé le Faulkner que j'adore, l'immense conteur qu'il sait être, là où il démontre qu'il est le plus grand écrivain américain du 20ème siècle et pourtant il y'a des pointures
C'est le plus long roman de l'écrivain mais c'est purement anecdotique, pas tant de différence avec sa production habituelle, mais cela veut dire qu'il faut du temps, la journée n'y suffit pas
On retrouve la complexité dans la narration, les allers retours avec le passé le présent si caractéristiques, mais on est face à un texte clair, où matière à interprétation il n'y a pas à se casser la tête, c'est direct, mais c'est grandiose
Grandiose par les personnages qu'il met en lumière, fouillés, disséqués, grandiose dans la progression dramatique qu'il décrit, grandiose dans la peinture impitoyable qu'il fait du Mississipi, de sa société, de son état d'esprit, une lucidité de l'être humain qui fait peur tant elle est réaliste et décrite si justement et dont si peu sont capables
Le genre de roman après l'avoir lu qui vous fait dire qu'il faut tout lire, ne rien négliger, se tapper toute sa bibliographie tant sa capacité de renouvellement est étonnante, à chaque texte on trouve quelque chose de différent qu'on découvre, des obsessions sans doute, mais peu de redite, une qualité de création étonnante
J'ai été emporté par les deux premiers paragraphes, ce n'est pas forcément un bon signal, parfois après un heure on se lasse, on se dit que ça ne tient pas la distance, mais je les relis avec émotion, en sachant que le personnage avec qui on débute conclura aussi le roman après une histoire fabuleuse presque similairement, en voyage
"Assise sur le bord de la route, les yeux fixes sur la charrette qui monte vers elle, Lena pense, "J'arrive de l'Alabama: un bon bout de route A pied de l'Alabama jusqu'ici Un bon bout de route" Tout en pensant il n'y a pas encore un mois que je me suis mise en route et me voila déjà en Mississipi Jamais je m'étais trouvée si loin de chez nous Jamais depuis l'âge de douze ans, je ne m'étais trouvée si loin de la scierie de Doane
Elle n'avait même jamais été à la scierie de Doane avant la mort de son père et de sa mère Cependant, sept ou huit fois par an, le samedi, elle allait à la ville dans la charrette Vêtue d'une petite robe achetée sur catalogue, elle posait ses pieds nus à plat sur le fond de la charette, et ses souliers, auprès d'elle, enveloppés dans un morceau de papier Elle mettait ses souliers juste au moment d'arriver à la ville Quand elle fut plus grande, elle demandait à son père d'arrêter la charrette aux abords de la ville, afin qu'elle put descendre et continuer à pied Elle ne disait pas à son père pourquoi elle désirait marcher au lieu d'aller en voiture Il croyait que c'était à cause des rues bien unies, à cause des trottoirs Mais c'était avec l'idée qu'en la voyant à pied, les gens qui la croisaient seraient tentés de croire qu'elle aussi habitait la ville "
J'avais fait un break de plusieurs années dans la lecture de Faulkner. La faute aux derniers romans lus, pourtant unanimement salués par la critique que ce soit à leur sortie ou après dans l'analyse de l'oeuvre du colosse du Mississipi. Or que ce soit "Sanctuaire" comme "Absalom Absalom" souvent considéré comme Le chef d'oeuvre absolu, j'étais ressorti chafouin de leur lecture. Pas trop ma tasse de thé en fait, la complexité c'est bien, mais chercher le sens caché des phrases, essayer d'imaginer ce que l'auteur veut vous montrer sans le dire vraiment, ça me lasse
Là, j'ai retrouvé le Faulkner que j'adore, l'immense conteur qu'il sait être, là où il démontre qu'il est le plus grand écrivain américain du 20ème siècle et pourtant il y'a des pointures
C'est le plus long roman de l'écrivain mais c'est purement anecdotique, pas tant de différence avec sa production habituelle, mais cela veut dire qu'il faut du temps, la journée n'y suffit pas
On retrouve la complexité dans la narration, les allers retours avec le passé le présent si caractéristiques, mais on est face à un texte clair, où matière à interprétation il n'y a pas à se casser la tête, c'est direct, mais c'est grandiose
Grandiose par les personnages qu'il met en lumière, fouillés, disséqués, grandiose dans la progression dramatique qu'il décrit, grandiose dans la peinture impitoyable qu'il fait du Mississipi, de sa société, de son état d'esprit, une lucidité de l'être humain qui fait peur tant elle est réaliste et décrite si justement et dont si peu sont capables
Le genre de roman après l'avoir lu qui vous fait dire qu'il faut tout lire, ne rien négliger, se tapper toute sa bibliographie tant sa capacité de renouvellement est étonnante, à chaque texte on trouve quelque chose de différent qu'on découvre, des obsessions sans doute, mais peu de redite, une qualité de création étonnante
J'ai été emporté par les deux premiers paragraphes, ce n'est pas forcément un bon signal, parfois après un heure on se lasse, on se dit que ça ne tient pas la distance, mais je les relis avec émotion, en sachant que le personnage avec qui on débute conclura aussi le roman après une histoire fabuleuse presque similairement, en voyage
"Assise sur le bord de la route, les yeux fixes sur la charrette qui monte vers elle, Lena pense, "J'arrive de l'Alabama: un bon bout de route A pied de l'Alabama jusqu'ici Un bon bout de route" Tout en pensant il n'y a pas encore un mois que je me suis mise en route et me voila déjà en Mississipi Jamais je m'étais trouvée si loin de chez nous Jamais depuis l'âge de douze ans, je ne m'étais trouvée si loin de la scierie de Doane
Elle n'avait même jamais été à la scierie de Doane avant la mort de son père et de sa mère Cependant, sept ou huit fois par an, le samedi, elle allait à la ville dans la charrette Vêtue d'une petite robe achetée sur catalogue, elle posait ses pieds nus à plat sur le fond de la charette, et ses souliers, auprès d'elle, enveloppés dans un morceau de papier Elle mettait ses souliers juste au moment d'arriver à la ville Quand elle fut plus grande, elle demandait à son père d'arrêter la charrette aux abords de la ville, afin qu'elle put descendre et continuer à pied Elle ne disait pas à son père pourquoi elle désirait marcher au lieu d'aller en voiture Il croyait que c'était à cause des rues bien unies, à cause des trottoirs Mais c'était avec l'idée qu'en la voyant à pied, les gens qui la croisaient seraient tentés de croire qu'elle aussi habitait la ville "
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
"Tiré de faits irréels" de Tonino Benacquista.
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
" La tête hors de l'eau" de Dan Fante.
Je préfère de loin les romans de son père, John Fante, dont
le superbe "Demande à la poussière".
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le superbe "Demande à la poussière".
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
" L'enfance des criminels" d'Agnès Grossmann.
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Re: [topic unique] LIVRE
Connemara de Nicolas Mathieu
J'avais beaucoup aimé le Goncourt 2018, je suis ressorti plus mitigé de Connemara
Plus mitigé, parce que l'auteur navigue sur la même vague qu'en 2018, un fonds social sur la Lorraine déshéritée et sur une histoire d'ados que cette fois on va suivre jusqu'à la quarantaine bien sonnée
Plus mitigé, parce que si Mathieu sait vraiment bien parler de l'adolescence, concernant le monde adulte, c'est beaucoup plus compliqué, comme si l'âge de la perte des illusions l'ennuyait profondément
Plus mitigé, parce que le fonds social qu'il savait peindre avec beaucoup de réalisme dans son premier ouvrage, devient un tissu de clichés passablement ridicules quand il s'agit de parler du monde de l'entreprise et des rapports humains entre adultes
Et enfin très mitigé, parce qu'il s'est lancé dans un roman fleuve et qu'il ne tient pas la distance
Reste les qualités vues dans "Leurs enfants après eux", le monde de l'adolescence, des pulsions, des illusions, des rêves un peu ridicules, du rapport aux adultes, un monde que Mathieu sait faire vivre et dont il parle à merveille
Saura-t-il s'en émanciper? Connemara ne m'aura pas convaincu
J'avais beaucoup aimé le Goncourt 2018, je suis ressorti plus mitigé de Connemara
Plus mitigé, parce que l'auteur navigue sur la même vague qu'en 2018, un fonds social sur la Lorraine déshéritée et sur une histoire d'ados que cette fois on va suivre jusqu'à la quarantaine bien sonnée
Plus mitigé, parce que si Mathieu sait vraiment bien parler de l'adolescence, concernant le monde adulte, c'est beaucoup plus compliqué, comme si l'âge de la perte des illusions l'ennuyait profondément
Plus mitigé, parce que le fonds social qu'il savait peindre avec beaucoup de réalisme dans son premier ouvrage, devient un tissu de clichés passablement ridicules quand il s'agit de parler du monde de l'entreprise et des rapports humains entre adultes
Et enfin très mitigé, parce qu'il s'est lancé dans un roman fleuve et qu'il ne tient pas la distance
Reste les qualités vues dans "Leurs enfants après eux", le monde de l'adolescence, des pulsions, des illusions, des rêves un peu ridicules, du rapport aux adultes, un monde que Mathieu sait faire vivre et dont il parle à merveille
Saura-t-il s'en émanciper? Connemara ne m'aura pas convaincu
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Re: [topic unique] LIVRE
"GIGN, confessions d'un OPS". de Philippe B.
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
"Bonjour, bonsoir. Mes vies racontées à Rémi Reverchon".
La vie de l'ex basketteur et consultant TV, Jacques Monclar.
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Gavia arctica
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
Ouais. Si t'as l'occasion de le lire...
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Gavia arctica
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Re: [topic unique] LIVRE
surtout que je l’ai un peu cotoyé…
Modifié en dernier par Gavia arctica le sam. 11 oct. 2025 14:50, modifié 1 fois.
32>>>23
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
Oui, mais il ne parle pas de toi dans le bouquin...
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Gavia arctica
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Re: [topic unique] LIVRE
je lui avais demandé de rester discret quant à notre relation… 
32>>>23
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Re: [topic unique] LIVRE
Acid Test de Tom Wolfe
J'ai adoré le Wolfe romancier, c'est la première fois que je m'attaquais à un de ces bouquins qui fait la transition entre sa vie de journaliste et celle d'écrivain
Ecrit dans les années 70, il retrace une page de l'histoire des USA de cette époque, assez déjantée, si tant est qu'il y'ait une époque qui ne le soit pas dans ce pays
Il s'agit d'un moment de l'existence de ken kesey écrivain ayant beaucoup fait parlé de lui à l'époque avec son roman Vol au-dessus d'un nid de coucou rapidement adapté au cinéma par Milos Forman
Ce que j'ignorais, c'est que l'écrivain en question était devenu une sorte de gourou new age trainant avec une bande de fans de ville en ville à bord de sorte de campings car dans l'immensité américaine
Ce texte est l'histoire de cette tranche de vie, sous acide
Je n'aurais jamais cru que j'aurais pu venir à bout de cette histoire, faut-il que Wolfe ait été (déjà) talentueux On a l'impression, sorti des premiers moments, de tourner en rond, mais en fait non, il se trouve toujours quelque chose pour rajouter du piment à cette histoire jusqu'à ce que l'aura du gourou s'étiole à peu près définitivement, peut être de son fait, peut être parce que l'époque a épuisé sa raison d'être et que l'on va passer à quelque chose de, comment dire, totalement différent
Je comprends que Wolfe ait été considéré comme un chef de file d'une école de journalisme, ce bouquin est un très bon reportage sur un milieu, une époque, un type d'existence, très détaillé, très bien analysé, sachant trouver des ressorts pour que la dynamique du récit ne s'épuise pas (500 pages en poche), une curiosité, pour certains une parenthèse d'utopie enchantée, pour d'autres l'archétype de la décadence d'une civilisation
Wolfe y promène son regard détaché, chez lui, c'est là que se situe l'acide
J'ai adoré le Wolfe romancier, c'est la première fois que je m'attaquais à un de ces bouquins qui fait la transition entre sa vie de journaliste et celle d'écrivain
Ecrit dans les années 70, il retrace une page de l'histoire des USA de cette époque, assez déjantée, si tant est qu'il y'ait une époque qui ne le soit pas dans ce pays
Il s'agit d'un moment de l'existence de ken kesey écrivain ayant beaucoup fait parlé de lui à l'époque avec son roman Vol au-dessus d'un nid de coucou rapidement adapté au cinéma par Milos Forman
Ce que j'ignorais, c'est que l'écrivain en question était devenu une sorte de gourou new age trainant avec une bande de fans de ville en ville à bord de sorte de campings car dans l'immensité américaine
Ce texte est l'histoire de cette tranche de vie, sous acide
Je n'aurais jamais cru que j'aurais pu venir à bout de cette histoire, faut-il que Wolfe ait été (déjà) talentueux On a l'impression, sorti des premiers moments, de tourner en rond, mais en fait non, il se trouve toujours quelque chose pour rajouter du piment à cette histoire jusqu'à ce que l'aura du gourou s'étiole à peu près définitivement, peut être de son fait, peut être parce que l'époque a épuisé sa raison d'être et que l'on va passer à quelque chose de, comment dire, totalement différent
Je comprends que Wolfe ait été considéré comme un chef de file d'une école de journalisme, ce bouquin est un très bon reportage sur un milieu, une époque, un type d'existence, très détaillé, très bien analysé, sachant trouver des ressorts pour que la dynamique du récit ne s'épuise pas (500 pages en poche), une curiosité, pour certains une parenthèse d'utopie enchantée, pour d'autres l'archétype de la décadence d'une civilisation
Wolfe y promène son regard détaché, chez lui, c'est là que se situe l'acide
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Re: [topic unique] LIVRE
"Les têtes hautes" de Martin Thibault.
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drazenmirabelle
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Re: [topic unique] LIVRE
"Images de la politique, politique des images". (G. Didi-Huberman, E. Traverso, G. Blanc-Marianne)