visiteur a écrit :Après le repos, on retrouve l'équipe qui a affiché ses valeurs défensives face à la Slovénie et il faudrait vraiment que je revois ce match car mettre 14 points à une équipe espagnole qui en plus avait pu faire ses rotations dans le second quart sur 20 minutes, c'est vraiment très fort... C'est pas de battre cette équipe qui l'est en fait, c'est de lui en faire bouffer 14 en 20 minutes à la régulière, alors qu'elle nous en met 14 parce qu'on a pris le match à l'envers... Tactiquement la zone de Collet est un régal, c'est un des moments du match où on sent que les Espagnols ne comprennent pas de même que l'on sent qu'ils ne comprennent pas ce qui se passe devant la férocité de la défense française, que non, ils ne vont pas se ballader, qu'il va falloir qu'ils s'arrachent pour aller le chercher ce match. Et bizarrement, j'ai trouvé que psychologiquement, ils avaient pris un gros coup sur la tronche en prenant conscience qu'il allait falloir qu'ils s'arrachent, même si effectivement ils l'ont plutôt bien fait (enfin presque...).
Est-ce qu'ils ont été touchés psychologiquement ? À mon avis, il y a aussi des chances qu'ils n'aient tout simplement pas su trop quoi faire pour gérer le retour français. Car il faut quand même pas oublier que Navarro et P Gasol ne sont pas là, et que ce sont systématiquement eux qui dans ces situations prenaient les choses en main. Eux absent, c'était aux autres de le faire.
Sauf que là, on en vient au problème d'une équipe qui est passée en "mode automatique" d'autogestion à partir du moment où Scariolo est arrivé, et se sont donc reposés sur la présence de ces 2 chefs d'orchestre qui mettaient en musique la partition des autres joueurs. Et finalement c'est là que le bât blesse pour une équipe en autogestion depuis quelques années qui n'a pas remis en cause son mode de fonctionnement (ou plutôt n'a pas remis l'ouvrage sur la table, je devrais dire) : ces 2 là absents, ils se sont retrouvés démunis quand l'intensité démentielle proposée par l'EDF les a mis en difficulté, car les 2 habitués à régler les difficultés n'étaient plus là.
Sergio Rodriguez aurait pu le faire, il a tenté pas mal, et a eu même quelques shoots ouverts (dont son dernier seul à 4m lors de la prolongation, mais là on en vient à quelque chose d'autre : ils se sont totalement épuisés devant l'intensité déployée par les Français, et n'étaient tout simplement plus assez lucides en fin de match (soyons honnêtes, Parker était bien grillé lui aussi). Il faut quand même voir que Gasol a passé quasiment 39 minutes sur le parquet (plus que Parker), et Rodriguez plus de 30, une durée inhabituelle pour eux à ce niveau d'intensité, eux qui sont habitués à avoir un temps de jeu plus partagé dans leur équipe.
Je dois avouer que ça a quelque chose de très satisfaisant, car c'est sans doute la 1re fois que cette fameuse supériorité athlétique (et notamment cette différentiation qui est faite entre capacité athlétique et capacité physique) française, tant vantée comme étant l'atout principal de cette équipe vis-à-vis des autres, s'exprime clairement sur le terrain. Car dans les faits, malgré que l'on nous bassine avec celle-ci depuis des années, on n'en a jamais vraiment vu l'expression sur le parquet. L'EDF soit-disant parfaite pour le jeu rapide et de contre-attaque n'a jamais brillé dans ce domaine (très loin des Espagnols à ce niveau par exemple). Hors pour une fois, on a vraiment vu la différence que pouvait apporter en fin de match, petit à petit (comme en témoigne le retour progressif au score jusqu'à passer devant dans les 3 dernières minutes) le maintien d'une intensité athlétique extrême qui a usé des Espagnols bien plus courts en rotation qu'auparavant (même si Orenga se fait tailler pour sa gestion des rotations, justement). Après, il y a évidemment le fait que le calendrier et la formule débiles de ces CE, avec ses 11 matchs en 18 jours, ne peut pas permettre à une équipe de jouer sur cette intensité constamment, ce qui atténue grandement ce point fort des Français, et favorise les équipes ayant un grand nombre de joueurs de haut niveau permettant des rotations nombreuses (ce que l'équipe d'Italie a payé très cher par exemple). Au final, le fait que l'EDF ait livré des matchs à moitié endormie lors des phases de poule s'est transformé, pour le coup, en avantage, lui permettant un véritable boost d'intensité lors de cette demi finale.