Pour ceux que ça intéresse, un petit bilan de Yerneaux dans le journal local Ardennais sur la saison précédente :
La saison décevante
« Ça a été une saison compliquée. On apprend beaucoup de choses, ça rappelle qu’aujourd’hui on est là, en Ligue féminine, et demain on ne sait pas. On avait misé sur une poste 5 française, Aby Gaye, qui s’est blessée avant d’arriver (aux ligaments croisés du genou en préparation avec l’équipe de France). Ça a créé un déséquilibre, surtout que Zofia Hruscakova, qu’on avait pris pour remplacer Gaye, se blesse à son tour au bout de quinze jours de compétition. Ça nous a rendu hyper dépendant à Brianna Fraser et Nikolina Milic, qui ont fait le sacrifice de jouer poste 5. On s’est retrouvé avec des gens qui ont fait des efforts, mais pour qui c’était difficile de s’adapter à leur nouveau rôle en permanence. Ça s’est surtout vu en défense. On a souvent été dans les meilleures défenses du championnat, et là on doit finir avant-dernier (9e égalité sur 12 en fait), ce n’est pas notre identité. On était trop dans l’individualisme, ça générait de la fatigue au cours du match, et ça s’est souvent traduit par des troisièmes quarts-temps manqués. Je me dis qu’un club lambda, avec tout ce qu’il nous est arrivé, il passe à la trappe. Nous, on s’en est sorti, en finissant malgré tout huitièmes. »
Les blessures à répétition
« Ça a commencé avec Aby Gaye, et ça n’a jamais arrêté. On pourrait résumer cette saison en disant que ça a été celle des blessures. On a passé notre temps à rééquilibrer les choses, plutôt qu’à travailler notre jeu. Emily Engstler et le dos, Kiara Leslie qui arrive pour la remplacer et se blesse au bout de 5 minutes... Il faut aussi parler de celles qui ont joué diminuées pendant longtemps, parfois dans des pourcentages très importants, comme Sara Chevaugeon. Il y a eu Kimberley Adonis aussi qui a terminé la saison blessée... Dans le temps, on n’avait jamais de pépins. Il y a beaucoup de facteurs, on joue de plus en plus de matches, le championnat est plus dense... On a changé aussi, on a pris des joueuses plus confirmées, avec des carrières plus longues derrière elles, mais qui se blessent plus facilement. Dans le recrutement, j’essaye d’avoir les dossiers médicaux les plus à jour possibles, mais ce n’est jamais évident. Je pense aussi que quand les gens sont épanouis, qu’ils se posent moins de questions, qu’ils sont moins parasités par beaucoup de choses, ça joue. »
Le développement du club
« On est un club qui bosse énormément pour développer notre budget. C’est beaucoup de travail en parallèle pour nous permettre de nous maintenir au plus haut niveau, ce n’est pas facile. On a 28 salariés, et on veut continuer à pérenniser cette structure, donc le budget augmente, mais la masse salariale de l’équipe première, quasiment pas. C’est la treizième année consécutive en Ligue féminine. Au début, c’était difficile, et ça rend les gens durs, prêts au combat. C’est cette identité là qu’on a perdue et qu’il faut retrouver, à tous les échelons. Il faut se souvenir d’où on vient. En mai 2009, on monte, personne ne nous attend et tout le monde pense qu’on va redescendre. En mai 2021, il y a deux ans, on joue une demi-finale de Coupe d’Europe et une quatrième finale de Coupe de France, nous, Charleville-Mézières ! Cette année a été compliquée, mais on oublie trop vite tout ça. »
Les axes de recrutement
« Déjà, on a gardé le noyau, quatre joueuses (avec Aby Gaye). Ensuite, je pense qu’il faut repartir avec des gens peut-être moins talentueux, mais plus intense, plus humble, qui veulent montrer ce qu’elles savent faire. On a pris trois jeunes joueuses, Coline Franchelin, Kadiatou Sissoko et Noémie Brochant, et il manquera encore une étrangère parce que j’aimerais commencer à neuf, avec une jeune du centre de formation. Il faut des gens imprégnés de nos valeurs, investis. C’est pour ça que je voulais une touche « frenchy », parce que les joueuses françaises ont cette culture, et ça se ressent dans le collectif. L’identité de jeu doit être celle-là, et les joueuses étrangères viennent se fondre à l’intérieur, comme une Kaleena Mosqueda-Lewis l’a fait par le passé. On veut retrouver ça et rester dedans pour les années à venir. La saison dernière, avec tous les changements et comme il n’y avait plus de joueuses françaises, on ressemblait à une équipe turque à la fin ! On en a perdu notre identité et notre collectif. On est un club de territoire, on doit mouiller le maillot pour les gens qui viennent remplir la salle à chaque match, donner des émotions et un sentiment d’appartenance. Pour ça, il faut avant tout de l’intensité, de l’agressivité. Le talent, c’est le dernier truc. »
Quel objectif la saison prochaine ?
« On va revenir à plus d’humilité, et pour moi, l’objectif, ce sera le top 8. Ça assure de rester au haut niveau, et c’est ça l’ambition du club. C’est de continuer à se développer. Le rôle du FCBA, c’est de dynamiser la ville, le département, de proposer des matches de haut niveau. Il y a un vecteur social, sociétal. On a été pris par la folie des grandeurs, parce qu’on a joué des finales, on était proche d’un titre. Mais combien d’équipes on a vu gagner et s’effondrer ? On ne veut pas ça. C’est frustrant, parce que tout le monde s’investit, mais la réalité, c’est aussi qu’on est le sixième budget de Ligue féminine. On tire notre épingle du jeu. Donc on va viser le top 8, et ensuite, j’aimerais que ce soit l’équipe qui décide. Ce sera aux joueuses de décider si elles veulent viser la septième, sixième, cinquième, quatrième place... Ce sera à elles de se battre pour quelque chose qu’elles auront défini elles-mêmes. »
Donc y a confirmation sur le fait que Charleville n'est pas du tout dans les 4 premiers budgets de la ligue.