Je ne pense pas que les raisons économiques soient si prépondérantes que ça. Evidemment, l'Allemagne avec un modèle de développement basé sur les exportations a besoin d'avoir des' clients' solvables et stables - a fortiori avec les conséquences du Brexit qui vont déjà leur faire plus mal que nous, en dehors de l'industrie agro alimentaire en tout cas -.... and the winner is ... a écrit : ↑jeu. 21 mai 2020 9:25Dans tout ce que tu as écrit, je vois que tu n'es quand même pas loin de penser que cette décision (à 2) s'il devait emporter l'adhésion des 27 serait un moment important pour l'UE.Bagouvic a écrit : ↑jeu. 21 mai 2020 0:01 Bref, là où certains voient le verre à moitié plein d’une espèce de prise de conscience d’une nécessaire solidarité dans un élan fédéraliste, je vois plutôt le verre à moitié vide d’une zone économique et politique qui doit bien trouver un moyen pour qu’une partie du continent n’entraîne pas le reste dans une chute vers l’inconnu, et qui a aussi besoin de restaurer un peu son image. Là où je ressors du positif par contre, c’est que même si je ne me fais aucune illusion sur la position allemande, ils comprennent progressivement d’une certaine manière que l’hyper rigidité ne peut pas être la règle absolue et intangible imposée à tous, y compris pour leurs propres intérêts nationaux. C’était déjà en quelque sorte le cas quand la sacro-sainte règle des 3 % a de fait volé en éclat.
Après verre à moitié plein ou à moitié vide ....certes mais l'important c'est déjà qu'il ne soit pas complètement vide.
La position allemande vient aussi du fait que s'ils veulent continuer à vendre leurs produits manufacturés (notamment les voitures) en Europe, il faut que celle-ci ne soit pas exsangue. Pour moi peu importe qu'il y ait un calcul mercantile derrière.
Cette crise a au moins l'avantage (enfin avantage ) d'être quasi internationale. Les rares pays qui s'en sortiront sans trop de dommage ne peuvent pas exister correctement au milieu d'un désert.
Et puis pour une fois, on va faire comme les Américains : faire fonctionner la "planche à billets" (comme à la Casa de papel ) .... moi ça me choque pas.
Les économies sont interconnectées, et puisqu'on aborde le sujet de l'endettement avec ces plans de soutien à l'économie, ne pas oublier que les européens détiennent beaucoup de leurs propres dettes souveraines (ce qui n'est pas sans poser des problèmes chez nous vu nos engagements vis à vis de l'Italie et de l'Espagne du reste).
Je pense que la géopolitique joue à plein en ce moment. Les russes versus leur zone d'influence (avec la palanquée de pseudos états autoproclamés liés à leur diaspora à l'Est, et ailleurs avec à la fois leur activité au niveau des services de renseignements ou même de propagande), les américains - avec le retour à l'isolationnisme - versus la Chine avec clairement le leadership en jeu pour le 22e siècle (même si c'est pour moi d'ors et déjà acté, les E-U c'était la puissance de l'économie carbonée, la Chine devrait être la grande puissance de l'économie décarbonée même si sur le plan énergétique ils ensont encore loin à l'instant T).
au milieu de tout ça, les européens ont vu les conséquences de l'attentisme voire de la défiance à l'égard des difficultés des pays du sud. Le fait que la Chine tisse sa toile à la fois en Europe de l'Est et dans les pays du sud, et sans oublier l'Afrique (maghreb, AdS, Ethiopie..) avec à la fois des conséquences sur l'accès aux matières premières (qui est un des gros soucis pour l'industrie européenne, on en parle pas assez, et pas que pour les terres rares) et fatalement ça marginalise l'UE et la rend beaucoup plus fragile alors même que c'est l'économie (1er marché mondial) qui la caractérise. Militairement ou politiquement (diplomatiquement), ce sera toujours compliqué vu la palanquée d'intérêts extérieurs qui ne veulent que créer des dissensions et saper la construction européenne.
Mais je pense que la crise sanitaire actuelle a peut etre servi d'électochoc vis a vis de certains, même si évidemment entre la Pologne ultra atlantiste pour des raisons historiques évidentes, la Slovaquie/rep Tchèque avec des gouvernements libéraux qui bénéficient à plein d'investissements et n'ont pas le boulet de l'endettement public à gérer, en passant par les pays bas qui sont historiquement quasiment plus libre échangiste que le R-U, ça fait pas mal de trublions qui feront en sorte de bien négocier leur vote. Mais malgré tout, le signal envoyé par Merkel à ses citoyens (et à la cour constitutionnelle de Francfort au passage) est tout sauf symbolique.
Pour moi ça va au delà de l'espace économique européen, il en va aussi de la culture - et donc de l'influence/soft power - européenne.
A titre perso, j'ose espérer qu'on ira au délà du projet des 'batteries européennes' (au sens large) et qu'après Airbus, Arianeespace, Eurasmus ou Galileo (entre autres) on se décidera à s'attaquer au numérique en créant nos propres champions, y compris au niveau d'internet. Quand on pense qu'on n'est pas fichu de développer Linux ou un clone, on n'a pas qu'une dépendance à l'égard de la Chine, je pense qu'on réalise à quel point on est dépendant à la fois des US et des chinois, chinois qui eux ne vont pas nous attendre pour monter en gamme à l'instar de ce qui s'est passé avec le Japon dans les années 70/80 vs les E-U (et ce sera évidemment pas avec la même ampleur).
Bref, il reste à faire comprendre aux sceptiques que l'avenir de nos pays c'est l'Europe au sens large (y compris en lorgnant vers les pays de l'Est même si les russes continuent d'essayer de remonter un semblant de pacte de varsovie avec leur union economique eurasiatique), en marginalisant les nationalistes qui appartiennent au 20eme siècle (en étant gentil).