On est sous tutelle mais dans un jeu de je te tiens tu me tiens par la barbichette, c'est à dire que les marchés financent la France car ils considèrent que le risque de défaut, en l'état, est faible. En revanche, quand tu pars d'une hypothèse de taux faible pour les 10 ans qui viennent, je pense que tu te fourvois totalement, car le taux est fonction du risque et le risque avec Le Pen ou Hamon/Mélanchon aux manettes, ce n'est pas la même chose... Je suppose que tu as comme moi observé le spread du taux entre France et Allemagne depuis 6 mois et noté la divergence...raph a écrit :Avec 65% (de mémoire) de notre endettement détenu par des créanciers étrangers, à vrai dire on est déjà plus ou moins sous tutelle. Et c'est bien pour ça que je suis focalisé sur le désendettement (a fortiori si on suit le niveau des taux des emprunts actuels avec une fenêtre de 10 ans grosso modo sur les dernières tranches d'émissions d'emprunt pour éviter d'avoir une charge des intérêts rédhibitoires).
Là ou on diverge c'est que tu cautionnes la manière forte. La purge. Moi je suis archi sur que c'est totalement impossible. Et pas forcément nécessaire. Pour ma part, je ne vois de solution que dans la marginalisation des extrêmes, vu que c'est eux - quasiment - qui mènent l'agenda dans ce pays à cause de leur pouvoir de nuisance.
Agiter des chiffons rouges, c'est estimer qu'on peut se permettre le luxe des manif' à l'anglaise tiens (puisque tu me provoques avec Thatcher, "we won't pay poll tax!" ^^). Même si fort heureusement pour nous la situation est bien moins pire que la leur.
En bref, perso c'est pas la Présidentielle qui me préoccupe. C'est la gueule de l'assemblée Nationale. Même sans réforme constitutionnelle (de toute façon ce serait en cours de mandat et donc pour la future assemblée) les extrêmes (droite surtout évidemment) vont être en nombre dans la nouvelle assemblée, et de toute façon les LR/UDI ne seront pas majoritaires. Je veux bien tenir le pari.
Pour le coup, je crois que c'est surtout toi qui fais un peu trop vite un pari sur l'issue des prochaines élections. Et sur la capacité du futur exécutif à gouverner.
Au passage, c'est certainement pas des syndicats dont j'ai peur (si tant est que j'ai peur, c'est plus de la frustration à vrai dire). C'est plutôt que le moindre des syndicats (hormis la cfdt) est débordé par sa base. Là pour le coup, t'as même pas idée à quel point j'envie les teutons et leur IG metal - sans meêm parler de la culture du consensus.
Je ne cautionne rien, j'essaye de comprendre comment on arrive à un équilibre budgétaire sans toucher à rien. Le déficit de la France n'est pas conjoncturel mais définitivement structurel. Je ne vois pas comment tu peux revenir à l'équilibre si tu ne taille pas dans les dépenses. Cela fait 40 ans qu'on ne taille pas dans les dépenses, qu'on les laisse filer out of control, que nos prélèvements obligatoires sont la risée du monde entier, que lorsqu'on arrive à un taux de croissance de 1,2% l'économie est totalement asphyxiée tellement on a l'impression d'aller vite, bref, je veux bien que tu me démontres pourquoi ce n'est pas nécessaire, car je n'arrive pas pour ma part à le conceptualiser, désolé.
Les extrêmes ne sont ni plus ni moins que le reflet de l'opinion. L'opinion en est arrivé à un stade où elle ne croit plus les politiques classiques et leurs méthodes. L'opinion en a ras le bol d'entendre dire qu'il faut se serrer la ceinture et de voir que les politiques totalement inefficaces mises en place ne profitent qu'à une minorité, diplômée, intégrée dans la mondialisation de l'économie et qui la méprise profondément dans son quotidien. L'opinion est tentée par autre chose, totalement démagogique et vouée à la catastrophe, mais une grande partie de la population a le sentiment (faux) qu'elle n'a plus rien à perdre. Le rapport de force aujourd'hui semble être du 55/45 pour "the alternative", la grande contradiction, c'est que l'alternative présentée diffère suivant qu'on est à gauche ou à droite et qu'en cas de face à face c'est le "no alternative" qui l'emportera.
Je ne sais absolument pas ce qui va sortir de la future élection. Je crois que si Fillon et LR passent en force, il y'aura effectivement une majorité capable de gouverner. Si MLP l'emporte, hypothèse fort improbable à mon sens, le FN n'aura pas la majorité, ça me paraît évident. Et si c'est Macron qui l'emporte, c'est la bérézina législative, il faudra qu'il sorte du bois, qu'il s'allie avec le PS, et l'électorat n'a pas envie de voter PS.... Si Hamon/Mélanchon fusionnait et l'emportait, ça changerait la donne du vote PS, ce serait un PS plus affriolant, pas le PS sauce social démocrate qui est vermoulu. Je ne sais pas vraiment ce qui se passerait, mais l'hypothèse d'une majorité à la faveur des triangulaires n'est pas à exclure... Je le crois plus probable que la fusion...