Leçon numéro 1...chalon71 a écrit :Gavia arctica a écrit :
je vais pas me fatiguer à te donner des leçons d’économie mais selon moi tu délires...
Roooh c'est bon, Monsieur ne veut même pas partager son savoir économique à un plouc comme moi. C'est pas comme ça que je vais arrêter de délirer.
"Comprendre l'économie en 2019
En ce début d’année, il est difficile de ne pas éprouver d’inquiétude, s’agissant de l’économie et de la France. Mais avant de se laisser emporter par le découragement, il faut suspendre son jugement, balayer les considérations sur la croissance, l’inflation ou le déficit public, qui s’étalent à longueur de pages dans les journaux, et essayer de comprendre les déterminants fondamentaux du niveau de vie d’un pays européen comme le nôtre.
Le mouvement des gilets jaunes, à son origine et pour autant qu’il soit possible d’identifier ses revendications exactes, semble s’être construit autour du sympathique slogan : « Plus d’argent à la fin du mois ! » Le pouvoir d’achat, par définition, est une mesure du salaire réel, c’est-à-dire de la quantité de biens et services que le revenu monétaire peut procurer. C’est le quotient du salaire nominal et du niveau des prix. Curieusement, depuis le début du mouvement, tout le monde réclame un salaire plus élevé mais personne ne parle des prix. D’une certaine manière, c’est une bonne nouvelle : l’inflation a été vaincue en Europe (peut‑être même trop bien) et la stabilité des prix est maintenant considérée comme donnée.
Il est étrange, toutefois, d’ignorer la moitié du problème. Il y a trois canaux fondamentaux de baisse des prix : la baisse des coûts des producteurs, l’intensification de la concurrence sur les marchés et le commerce international. Commençons par le commerce. Il permet (outre l’accès à des produits indisponibles en France comme les oranges ou les voitures coréennes) de spécialiser les économies dans ce qu’elles produisent le mieux. Cette réallocation internationale de la production permet une baisse généralisée des coûts, comme devraient le comprendre tous les acheteurs de smartphones, d’écrans géants de télévision et d’automobiles, c’est-à-dire tous les Français. Il n’y a pas grand-chose à espérer de ce côté. La libéralisation du commerce des biens (quelques secteurs mis à part) est pour l’essentiel achevée. La libéralisation du commerce des services est compliquée et se heurte à de sérieux problèmes réglementaires, dont nous faisons quotidiennement l’expérience au sein d’une zone pourtant homogène comme l’Union européenne. L’humeur dans un monde « trumpisé » n’est pas au libre-échange et l’Organisation mondiale du commerce est paralysée depuis maintenant plus d’une décennie.
La baisse des coûts des producteurs nationaux dépend des prix des facteurs (capital, énergie, travail) mais surtout des progrès de la productivité et donc des capacités d’innovation et de réorganisation de nos entreprises. Ce sont les progrès de la productivité qui permettent aussi la hausse des salaires et l’accroissement de l’investissement.
La concurrence dépend certes de l’activisme des autorités du même nom mais aussi de l’environnement réglementaire dans lequel ces entreprises évoluent. Intensifier la concurrence ou la croissance de la productivité requiert des politiques microéconomiques en matière de formation, de régulation sectorielle, d’université, de marché du travail. Elles sont complexes, lentes à mettre en œuvre et à produire des résultats. Autant dire qu’elles n’intéressent pas le personnel politique et, par suite d’une étrange maladie française, la presse.
Nos sociétés européennes vieillissent, à la fois parce que la mortalité recule et la durée de vie s’allonge et parce que la fertilité s’est stabilisée à un bas niveau. Nos systèmes de retraite ont changé la vie des gens au XXe siècle. Ils absorbent une part énorme du revenu national et conditionnent véritablement la trajectoire de vie des individus. Il est vital de les préserver. En France, pour autant qu’on puisse faire des prévisions à 20 ou 40 ans, ils ne sont pas solvables, c’est-à-dire qu’ils n’auront pas les moyens de payer les retraites promises sans hausse d’impôts. La gestion des systèmes de retraites, si l’on fait abstraction de tous les détails institutionnels, est simple et se réduit à quelques paramètres. Il semblait, l’an passé, que l’opinion publique se résignât doucement à la baisse inévitable du rendement de ces régimes et à l’allongement de la durée de cotisation. Le gouvernement, de son côté, souhaite unifier ces régimes sans aborder de front les questions de soutenabilité. En aura-t-il même les moyens politiques ?
Sur ces questions, comme sur celles de la productivité du secteur public, de la réforme de la zone euro ou de la régulation du secteur financier, nous sommes toujours au milieu du gué. Avant de vociférer dans la rue, conseillons aux Français de prendre le temps de comprendre les enjeux."
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