[Histoire: topic unique et sérieux] A la demande d'Hugues

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visiteur
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Message par visiteur »

Hugues Marcel a écrit : Globalement d'accord. Sauf peut-être sur l'aspect cinématographique. Les Nazis c'est aussi la "Continentale" et les studio UPA qui n'avaient vraiment rien à envier à Cineccita. Sur le plan cinématographique les Nazis ont produits des choses plus intéressantes, ("Le baron du Munchaussen" notamment), que le cinéma fasciste italien.
Dont acte.
Hugues Marcel a écrit :
M'oui… mais là tu tombes un peu dans le politiquement correct de la réconciliation d'après guerre. On ne peut pas nier qu'il y avait un très large consensus autour d'Hitler en 1939.
Ne me reproche pas de faire du politiquement correct... :mrgreen:
Je me refuse à me faire une idée de l'opinion réelle dans toute société totalitaire. Je trouve que ça ne veut rien dire quand on vit dans une société où la peur est l'élément dominant et omniprésent de la vie quotidienne.

Enfin je vais faire une réponse groupée pour les points relatifs aux éléments comparatifs avec l'Angleterre.
Certes, l'armée anglaise vit la même débacle que l'armée française pendant la campagne de 40 (mais d'un autre côté, j'ai peu de souvenirs de victoires marquantes militaires des Rosbeef sur les terres... :mrgreen: ). Mais avec toutefois une différence fondamentale: ce n'est pas son territoire qui est en jeu. Alors certes, le fait de voir l'ennemi gagner le territoire français lui pose un gros problème parce qu'elle sait pertinemment ce que ça veut dire: elle va être seule pour affronter l'Allemagne dans les mois qui vont suivre. Mais à la différence de la France, l'effondrement ne signifie pas pour elle la fin de la guerre.

C'est là pour moi un point capital de la différence qui existe entre le comportement français et le comportement anglais. Certes, la situation est différente, le territoire britannique est vierge de toute invasion, mais il n'empêche tout de même qu'à ce moment là, après avoir subi un même revers militaire, on va avoir deux comportement totalement distincts des classes dirigeantes des deux pays, même si, je l'admets volontiers, les débats furent vifs des deux côtés de la Manche.

Mais au final on a quoi? On a la victoire de l'option capitulation d'une classe politico militaire persuadée qu'on se trouve dans une situation comparable à celle de 1870 et qu'il faut la gérer au mieux côté français. Toutes les options de résistance à l'ennemi coûte que coûte sont balayées (De Gaulle n'était pas le seul à penser qu'il fallait résister à partir de l'empire colonial). Alors que côté anglais, on fait face avec courage et plutôt que de considérer à l'image de nos chers visionnaires tels Weygand que la campagne d'Angleterre qui se prépare serait terminée avant la fin de l'été 40, on prépare la résistance ce qui lui coûtera son prix en sang et en larmes face à un ennemi dont on sait pertinemment qu'il n'y a rien d'autre à faire que de le combattre et de le vaincre.

Cette attitude lui aura coûter cher mais ça lui épargnera aussi d'avoir plus de 60 ans après à toujours se regarder dans une glace car on ne peut pas dire que l'histoire de juin 40 à juin 44 ait été particulièrement glorieuse de ce côté ci de la Manche....
visiteur
Hall Of Famer
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Message par visiteur »

Un gros up pour ce topic pour signaler quelques bouquins sur le sujet abordé, enfin, plus particulièrement, sur le point des causes de la défaite éclair de mai/juin 40, pour ceux qui ont envie d'aller plus loin.

A près de 70 ans de distance, avec le point de vue d'historiens étrangers, on se rend compte que beaucoup d'analyses rejoignent celle que pouvait écrire en direct Marc Bloch dans "L'Etrange défaite": à savoir que tout n'était pas écrit d'avance et que l'Etat major allemand fut le premier surpris de la tournure pris par les évènements.

Ces livres sont les suivants:Karl Heinz Friezer: Le mythe de la guerre éclair. La campagne de l'Ouest 1940, Belin 2003 (traduction de l'allemand)

Maurice Vaïsse (dir): Mai/juin 1940: défaite française, victoire allemande, sous l'oeil des historiens étrangers (Autrement, Centre d'études de la défense)

Jacques Belle: La défaite de 1940, un désastre évitable. Tome 1: le 16 mai 1940, il fallait rester en Belgique (Economica 2007).

Et pour ceux qui n'ignorent rien de la langue de Shakespeare, Ernest R.May: Strange Victory, Hitler's conquest of France (Hill & Wang, 2000)
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