Babacar Niang revient de très loin
Après deux ans de galère, dus à une blessure à la jambe droite contractée lorsqu’il portait les couleurs d’Evreux, Babacar Niang a retrouvé les parquets, sous le maillot de Nantes.
Deux ans, c’est le temps qu’il a fallu à Babacar Niang, blessé à la jambe droite le 24 mai 2016, pour retrouver ses capacités
Lorsqu’il va franchir ce soir les portes de la salle omnisports, Babacar Niang (2,06 m, 27 ans) va forcément repenser à ce match contre Poitiers (24 mai 2016). À cette rencontre de play-offs et à cette blessure (arrachement du nerf fibulaire, qui assure l’innervation des muscles de la jambe et du dos du pied) qui l’a mis sur le flanc pendant deux longues années. Pourquoi pareille durée ? Eh bien, parce qu’après avoir attendu durant douze mois que le nerf repousse, millimètre par millimètre, l’intérieur a dû se résoudre à se faire opérer (le 30 mai 2017).
« C’était la meilleure solution pour que je puisse récupérer, explique-t-il.
L’intervention, qui a duré trois heures, s’est bien passée. On m’a transféré du tendon et j’ai subi une greffe de nerf. Du coup, j’ai été contraint de repartir de zéro derrière. »
Certes, mais après un an passé avec un releveur de pied (pour éviter qu’il ne tombe), Niang a enfin aperçu le bout du tunnel.
« Vers mi-septembre, je suis parti à Capbreton effectuer ma rééducation. J’y suis resté trois semaines, précise-t-il.
Il a fallu que je réapprenne à marcher, à courir. Ça n’a pas été simple, mais grâce à mon entourage, ma famille, je suis resté positif. Je savais où je voulais aller. » À savoir : sur un parquet. Un objectif que Mathieu Ansart l’a aidé à réaliser.
« On a commencé à travailler ensemble en janvier 2018, détaille celui qui, en plus d’entraîner au club de Poissy/Versailles, gère une entreprise de coaching personnel.
Lorsqu’il est arrivé, il n’était pas au fond du trou psychologiquement, il voulait travailler. »
« J’étais sceptique quant à ses chances de rejouer »
Problème, physiquement, il n’avait pas totalement récupéré.
« Sans exagérer, Babacar ne mettait pas un pied devant l’autre. J’avoue qu’au début, j’étais sceptique quant à ses chances de rejouer. » A fortiori parce que dès les premiers exercices, le corps du natif de Montbrison a lâché.
« Rien de grave, quand tu n’as pas fait de sport depuis deux ans, que tu fais 120 kg au lieu de 105-108, c’est logique. Mais, ça ne l’a pas arrêté, c’est un battant. Il a pris le temps, il ne s’est pas mis la pression et on a commencé à voir des progrès. » Tant au niveau physique que technique.
« Quand tu subis une telle blessure, il est bien évident que tu ne peux pas envisager de rejouer de la même façon qu’avant ton arrêt. Tu dois faire évoluer ton jeu. Il s’est laissé convaincre et on a bossé son tir pour qu’il devienne un vrai pivot. »
Au bout de cinq mois, Niang était fin prêt.
« Peu de temps après, le coach de Nantes (Jean-Baptiste Lecrosnier)
m’a contacté, raconte-t-il. I
l m’a demandé ce que je devenais. Je lui ai dit que je rejouais et il m’a fait venir pour passer des tests. » Examens que Niang a réussis, il a donc signé dans la foulée.
« On m’a alors donné un programme physique à suivre durant sept semaines. Je m’y suis astreint et j’étais en bonne forme lors de la reprise de l’entraînement. » La compétition ?
« J’ai joué mon premier match, en amical, contre Le Portel (Pro A)
. C’était la première fois que j’étais sur un terrain depuis deux ans. Ça m’avait manqué. Je n’ai pas eu d’appréhension, j’ai donné le meilleur de moi-même. » Comme ensuite en Leaders Cup et en Pro B.
« Le coach me gère (10 minutes en moyenne par match)
, j’essaye d’apporter quelque chose sur de courtes séquences. C’est un plaisir. » Plaisir qui, à n’en pas douter, sera partagé ce soir par la salle omnisports.
Evreux ne baisse pas la tête
Ce n’est pas parce que l’ALM n’en finit plus d’empiler les blessés et a subi une lourde défaite (87-66), à Orléans, lors de la 1re journée, qu’elle va se laisser aller. Qu’elle va faire le dos rond en attendant que son effectif soit à nouveau au complet. Non. Dès ce soir, face à Nantes, c’est en conquérante qu’elle va entrer sur le parquet.
« On ne va pas juste essayer de limiter la casse, insiste Damien Bouquet, l’ailier ébroïcien.
On veut faire le taf dès maintenant et on s’est préparé pour. »
Déficiente face à l’OLB, la défense a été particulièrement travaillée.
« On a clairement manqué d’agressivité dans ce domaine, confirme Fabrice Lefrançois, le technicien eurois.
On n’a pas eu la bonne énergie durant les 25 premières minutes. Ça a été mieux pas la suite, mais c’était trop tard. Avec les absences, on n’a pas pu travailler correctement et on a vu le résultat... Cette semaine, on a enfin pu bosser les bases. » Et intégrer Jared Newson (le remplaçant de Drake Reed, absent pendant un mois et demi).
« Il n’avait que trois entraînements dans les jambes lorsqu’on a joué Orléans, c’est très court, souligne Bouquet.
Là, il est mieux intégré, il a retrouvé du rythme et connaît vraiment nos systèmes. » De quoi espérer une issue positive pour la première à Jean-Fourré ?
« On va tout faire pour, affirme Lefrançois.
Ce n’est pas parce qu’il y a des aléas qu’il faut baisser la tête. Il faut qu’on se recentre sur notre basket pour performer ! »
Paris Normandie